vendredi 30 juin 2017

La Méditerranée n'appartient à personne, elle mérite le respect.

Insupportable de découvrir  comment le Liban traite ses déchets. C'est une provocation inadmissible à l'encontre du peuple Libanais mais aussi à l'encontre de tous les peuples du bassin méditerranéen. Chaque état, chaque peuple se doit de respecter l'environnement dans lequel il vit. 
Evoquer le droit à faire ce qu'on veut dans ses eaux territoriales n'est pas acceptable.


L'article du Monde (http://lemonde.fr/pollution/article/2017/06/29/au-liban-une-montagne-de-dechets-enfouie-en-mer_5152992_1652666.html )  est révélateur d'une situation plus que choquante et c'est notre devoir de citoyen d'alerter l'opinion. L'article étant réservé aux abonnés, je me permets d'en publier un extrait.


Dans le projet, des « faiblesses »

En mars 2016, le précédent gouvernement avait annoncé un plan temporaire pour venir à bout de la crise des poubelles qui secouait Beyrouth et ses banlieues depuis des mois, à la suite de la fermeture du principal centre de traitement. L’accord consiste à créer deux décharges sanitaires sur le littoral, au nord et au sud de la capitale, dont une à Bourj Hammoud. En donnant son accord, la municipalité de cette banlieue obtient que le site de sa vieille montagne de poubelles qui borde le port de Dora soit réhabilité.
A l’été 2016, le marché est confié, dans des conditions contestées, à la société Khoury Contracting. Sa mission : créer les cellules d’enfouissement de la nouvelle décharge pour accueillir chaque jour 1 200 tonnes de déchets au pied de l’ancienne montagne qu’elle doit aussi traiter. Du coup, le problème du stockage des ordures est devenu double. Khoury Contracting, qui doit construire une digue de trois kilomètres pour isoler le tout, n’en a érigé que moins de 20 % jusqu’à présent.
Un membre du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), l’institution chargée de la mise en place du plan gouvernemental, assure que « les remblais sont aménagés dans une partie isolée de la mer, qui forme un triangle fermé par un endiguement provisoire ». Cet interlocuteur reconnaît toutefois que le projet a des « faiblesses »« Pour avancer avec les cellules d’enfouissement, il faut venir à bout des quatre millions de mètres cubes de l’ancienne montagne de Bourj Hammoud, argumente-t-il. On teste les taux de mercure – ils sont acceptables –, on enlève ce qui peut être nuisible à l’eau, comme certains métaux. Mais il n’est pas possible de faire un tri dans le détail, cela compliquerait beaucoup les travaux. » Selon le quotidien Al-Akhbar, près de 40 % de l’ancien dépotoir sauvage a déjà été enfoui dans la Méditerranée. Des opposants jurent que des déchets fraîchement entreposés ont aussi été jetés en mer, ce que nie le CDR.

« Certains vivent dans le déni »

Quand on part en mer, l’eau, opaque, oscille entre le vert sombre et le marron. Des morceaux de plastique noir surnagent çà et là. « Au Liban, personne ne cherche de solution durable. Toute cette mer est devenue une poubelle ! Environnement, santé, écosystème maritime : les dégâts sont sans limites », tempête Wadih (un pseudonyme), sur son bateau. Ce pêcheur ne sort plus qu’épisodiquement depuis que les travaux ont été lancés, fatigué d’attraper « des sacs plastique » à la place de poissons, même au largeAutant de mauvaises surprises qui abîment les filets et les hélices.
« La pollution des eaux côtières est ancienne : les égouts sont jetés à la mer. Mais ces travaux ajoutent à la pollution, résume Hanna Chawah, le président du syndicat des pêcheurs de Beyrouth et de ses banlieues, dans son bureau du port de Dora. On se demande pourquoi ils n’ont pas fait de digue dès le début : jusqu’à il y a deux mois, les poubelles étaient jetées sans qu’il y ait le moindre barrage. »
Abou Elias, un pêcheur de 65 ans, lève un œil distrait de son filet et s’exclame : « Ecrivez bien que la mer ne se pollue pas ! » Si ses clients sont devenus moins nombreux, c’est « parce qu’ils ne le savent pas. Je mange du poisson chaque jour, je suis en excellente santé ! » Selon lui, la diminution des poissons tient à la surexploitation des ressources.
« Certains vivent dans le déni. Ils préfèrent dire que la mer est propre afin de vendre leur maigre prise, objecte Wadih. On a manifesté contre les travaux, mais cela ne sert à rien. La société [de traitement des déchets] est bien plus puissante que nous. Rien n’arrêtera le projet. » Pour lui, si des sites de décharge ont été autorisés sur le littoral, avec tous les risques que cela pose pour la mer, c’est « à cause de l’argent. » Des soupçons de corruption pèsent depuis des années sur le secteur de la gestion des déchets au Liban.

Collectif You Stink

Avec deux confrères, l’avocat Hassan Bazzi a lancé des procédures judiciaires pour obtenir la fermeture des deux décharges. Un juge leur a donné raison pour l’un de ces sites, mais sa fermeture n’a pas été actée. Un autre verdict est attendu début juillet. « Il y a beaucoup de pressions politiques », explique M. Bazzi, proche du collectif You Stink, qui dénonce depuis 2015 la mauvaise gouvernance sur le dossier des poubelles. Concernant le site de Bourj Hammoud, l’avocat soupçonne notamment « la présence de barils toxiques [fruit d’un ancien trafic venu d’Italie] dans l’ancienne montagne ». Le CDR dément formellement.
Gouvernement et CDR se rejettent mutuellement la responsabilité des manquements. Les pêcheurs, eux, réclament des indemnités. « La seule fois où l’Etat nous a versé une compensation, c’était en 2006, lorsque Israël a bombardé des réserves de fioul qui s’étaient déversées en mer. On a eu 200 dollars par tête… », dit Hanna Chawah. « On vit dans les microbes, on n’a pas d’alternative. Mais au moins, qu’on puisse se faire soigner ! Qu’ils nous donnent la sécurité sociale », plaide, résigné, Elias, 40 ans.
L’été venu, de nombreux Libanais habitués à se baigner en mer s’alarment de l’étendue du désastre. Les militants de You Stink et d’autres mouvements appellent les pays riverains de la Méditerranée à faire pression sur le Liban, signataire de la convention de Barcelone pour la protection de cette mer vulnérable, afin d’endiguer la pollution.






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