vendredi 21 octobre 2011

AFRIQUE: Mieux gérer les flux migratoires mixtes en Afrique

JOHANNESBURG, 29 septembre 2011 (IRIN) - Avant que les menaces de mort de la milice Al-Shabab le poussent à quitter son pays natal, Abdul travaillait comme journaliste en Somalie. Il a fui au Mozambique, au camp de réfugiés de Maratane, dans la province de Nampula, où des amis lui avaient dit qu’il pourrait obtenir de l’aide.

À Mombasa, il a pris place à bord d’un bateau avec 110 autres passagers – des Somaliens avec des histoires semblables à la sienne et des Éthiopiens fuyant leurs propres conflits armés, la sécheresse ou même les deux. Leur passeur les a tous entassés sur un même navire pour maximiser ses profits.

Abdul et ses compatriotes de voyage sont maintenant détenus dans une prison située dans le sud de la Tanzanie. Ni les policiers mozambicains qui les ont arrêtés à Palma, dans le nord du Mozambique, et les ont violemment déportés à la frontière tanzanienne, ni les douaniers qui les y ont trouvés – nus et dépouillés de leurs effets personnels – n’ont tenté de déterminer qui parmi eux étaient des demandeurs d’asile ayant droit à des services de protection et d’assistance, et qui étaient des migrants économiques soumis aux lois en matière d’immigration. 
 
Des pays comme la Tanzanie commencent à prendre conscience que leurs lois en matière d’immigration ne leur permettent pas de faire face au phénomène de l’« immigration mixte ». De nos jours en effet, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants économiques et même les victimes de la traite d’êtres humains empruntent parfois les mêmes routes, moyens de transport et réseaux de contrebande pour atteindre une même destination, même s’ils ont des motivations différentes et ne bénéficient pas des mêmes droits à la protection et à l’assistance humanitaire.

« Il est devenu incroyablement difficile de distinguer les différents groupes de migrants », a dit Vincent William, responsable du projet sur les migrations en Afrique australe (Southern African Migration Project, SAMP) de l’Institut pour la démocratie en Afrique (IDASA), basé en Afrique du Sud. « Il y a beaucoup d’incertitude quant à la manière de gérer les flux migratoires mixtes. On cherche aussi à empêcher les gens d’abuser du système d’asile ».

Si la majeure partie du mouvement vient de la Corne de l’Afrique, le cycle de violence qui se poursuit en République démocratique du Congo (RDC) a également entraîné le départ de nombreux habitants. Il faut aussi tenir compte des migrants qui sont simplement à la recherche de meilleures perspectives d’emploi ou d’éducation.

Les crises politiques, sociales et économiques complexes et inter-reliées qui ont ébranlé le Zimbabwe au cours des dernières années ont entraîné le plus vaste mouvement transfrontalier de la région. Les pays qui accueillent les migrants ont de la difficulté à faire la différence entre ceux qui fuient les persécutions politiques, ceux qui sont en quête d’un moyen de subsistance et ceux dont le départ a été motivé par une combinaison de facteurs.

Les migrants sont nombreux à se diriger vers l’Afrique du Sud. Le pays offre non seulement les meilleures perspectives d’emploi de la région, mais aussi les lois les plus progressistes en ce qui concerne le statut de réfugié. S’il existe peu de recours légaux permettant aux migrants non qualifiés de venir vivre en Afrique du Sud, les ressortissants étrangers qui demandent l’asile peuvent rester dans le pays, y circuler librement et y travailler pendant que leur requête est examinée. Ainsi, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Afrique du Sud reçoit plus de demandes d’asile que n’importe quel autre pays du monde.

D’après Roni Amit, chercheuse au Centre africain pour la migration et la société (African Centre for Migration and Society, ACMS) de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, le ministère de l’Intérieur sud-africain a principalement rattrapé le retard accumulé dans le traitement des demandes en refusant l’asile à un plus grand nombre de personnes. « Le taux de rejet [des demandes d’asile] tourne maintenant autour de 96 pour cent », a-t-elle dit à IRIN. « Les décisions sont très standardisées et ne sont pas vraiment personnalisées ». 
 
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