samedi 19 mars 2011

Appel des citoyens du Monde

LES CITOYENS DU MONDE APPELLENT
A UN CESSEZ-DE-feu en libye
et a L’ouverture de negociations
pour une nouvelle republique libyenne


 Dans un message du 15 mars 2011 au Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, le Professeur René Wadlow, Représentant en Chef auprès de l’Office des Nations Unies à Genève de l’Association of World Citizens (AWC), a exhorté le Secrétaire Général à prendre l’ascendant en appelant à un cessez-le-feu en Libye qui mît fin aux hostilités en cours et à l’hémorragie de réfugiés. En se prolongeant et s’intensifiant, le conflit ne fait que placer un insupportable fardeau sur des lieux de soins médicaux déjà débordés et sur l’approvisionnement visant à répondre aux besoins élémentaires de la population.

          Un cessez-le-feu constituerait aussi un premier pas en direction de négociations menant à un nouvel ordre constitutionnel et à une nouvelle République libyenne dont le fondement démocratique serait des plus larges.

          Dans leur message, les Citoyens du Monde ont affirmé que les discussions actuelles entre quelques gouvernements et les organisations intergouvernementales au sujet de la proclamation d’une zone d’exclusion aérienne tandis que le conflit se poursuit n’étaient pas à même d’aborder le cœur du problème. La vraie question est de savoir comment aboutir à une fin des combats qui ait fait l’objet d’un accord préalable, puis d’ouvrir la porte à la nécessaire restructuration constitutionnelle du pays et à la création d’une République libyenne de large fondement démocratique.

          Selon l’exemple des révolutions non-violentes de Tunisie et d’Egypte, des protestations contre le fonctionnement politique et économique de la Libye ont éclaté. Plutôt que d’entamer le dialogue, les autorités libyennes ont entrepris une politique de répression, laquelle a conduit à la violence à grande échelle que nous voyons aujourd’hui, provoquant par là même un flot massif de départs de travailleurs immigrés du pays ainsi qu’un important déplacement interne de Libyens.

          Seul un cessez-le-feu permettra le début d’un traitement en profondeur des questions constitutionnelles fondamentales que le pays a affrontées depuis l’Indépendance. Lorsque celle-ci est survenue en 1951, l’autorité reposait sur le Roi Sayyid Idriss as-Sanoussi (1890-1983), dirigeant d’une importante fraternité islamique qui se montrait de longue date plus soucieuse de réformes religieuses que de la structure du gouvernement ou de la qualité de l’administration. Son gouvernement possédait quelques attributs de décentralisation et de fédéralisme, mais reposait pour beaucoup sur des confédérations tribales qui existaient depuis bien plus longtemps. (1)

          Quand les officiers de l’armée menés par le Colonel Muammar Kadhafi prirent le pouvoir à l’occasion d’un coup d’Etat en septembre 1969, la discussion s’engagea pendant un cours laps de temps quant à la forme de gouvernement qu’il convenait de développer. L’idée d’un pouvoir plus centralisé faisait l’unanimité, de même que la conservation des politiques de l’ancien roi et de la Fraternité Sanoussi en matière de religion – ce qui prit le nom de néo-salafisme. Cependant, afin de ne pas mettre d’obstacles à la future unité arabe, aucune structure étatique basée sur un accord constitutionnel ne fut officiellement créée.

          Le colonel Kadhafi voulait se débarrasser du gouvernement de type parlementaire et des élections visant à élire une représentation, ce au profit de comités populaires, d’un congrès du peuple et de comités révolutionnaires, tous tenus ensemble par les présomptions idéologiques de la Troisième Théorie Universelle de Kadhafi – un concept qui englobe l’anti-impérialisme, l’unité arabe, le socialisme islamique et la démocratie populaire directe. (2)

          Des désaccords sur la nature de l’Etat menèrent à d’importantes divisions au sein du cercle dirigeant, notamment en 1975. Cependant, toute discussion ouverte sur la nature de l’Etat, sur la relation entre l’Etat et la société, ou encore sur la place des tribus et des fraternités religieuses, était considérée subversive, revenant à une trahison. En pratique, bien que non en théorie, le processus de décision demeurait entre les mains du colonel Kadhafi, de sa famille, de ses amis et de ses alliés tribaux. (3)

          Sur le court terme, les négociations suivant un cessez-le-feu pourraient conduire à la prorogation de la structure libyenne du pouvoir concentrant celui-ci en le seul colonel Kadhafi, ainsi que ses fils et leurs alliés. Toutefois, le degré de violence constitue une indication claire de ce que la structure de l’Etat ne fonctionne pas, et que, quoi que l’on puisse lui reprocher par ailleurs, un parlement permet à certaines des exigences du peuple d’être entendues et crée des garde-fous à l’exercice du pouvoir.

          Historiquement, en Libye, il existait seize tribus marabtin renommées pour leur sagesse religieuse, lesquelles servaient de médiatrices et d’arbitres au sein des structures politiques de la Libye tribale d’avant la colonisation. Cette tradition de médiation réconciliatrice existe peut-être encore, ce qui signifie que recourir aux voies traditionnelles de médiation devrait être envisagé de manière sérieuse.

          Un cessez-le-feu doit être un premier pas, et l’ONU, l’institution la plus appropriée pour maintenir ensuite le cessez-le-feu tandis que les négociations constitutionnelles commenceront.

1)      Pour une analyse utile des structures de gouvernement libyennes, voir J. Davis, Libyan Politics, Tribes and Revolution (Londres: I.B. Tauris, 1987)
2)      Voir M.M. Ayoub Islam and the Third Universal Theory: The religious thought of Muamar al Qadhafi (Londres: Kegan Paul, 1987)
3)      Voir René Lemarchand (Ed). The Green and the Black: Qadhafi’s Politics in Africa (Bloomington: Indiana University Press, 1988).

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