mardi 24 octobre 2017

La fidélité à l’histoire sociale, antidote contre l’extrême-droite



Texte écrit avant les dernière européennes.





La fidélité à l’histoire sociale, antidote contre l’extrême-droite



A une semaine des européennes, alors que le Front National est toujours donné en tête dans les intentions de vote, comment expliquer cette attirance, cette fascination pour l'extrême-droite ?



L’économiste et sociologue Bernard Friot propose un remède à cette dynamique qui le préoccupe et dont il annonce qu’elle se retournera immanquablement contre les plus fragiles : défendre avec fierté nos acquis sociaux et instaurer un salaire à vie, détaché du travail, pour tous.







Chômage, difficulté à joindre les deux bouts, peur de l'avenir, de l'insécurité, peur de l'autre, le juif, l'immigré, le rom, le plus pauvre que soi, avec qui on ne veut surtout pas partager le peu que l’on a, tous ces clandestins dont les drames en Méditerranée nous touchent, mais que l'on préfère ne pas voir arriver jusque chez nous; sentiment d'abandon par une classe politique qui s'est elle-même droitisée et se sert de l'Europe comme bouc émissaire; absence de projet collectif, repli sur soi, renoncement... La spirale, qui mène au vote populiste et d'extrême droite, enclenchée depuis la crise pétrolière et aggravée par la crise financière, conduit de plus en plus d'Européens à être séduits par un discours qui prône le protectionnisme, l'individualisme et le repli identitaire, un pouvoir fort, mais qui reste au service de l'ultra-libéralisme.



Absence d’un projet alternatif crédible



« L’histoire nous montre que ces partis mettent en place des dictatures, des gouvernements forts au service du capital, donc de ceux-là mêmes qui nos mettent aujourd’hui dans la difficulté », souligne l’économiste et sociologue Bernard Friot. Pour lui cela s’explique par l’absence, « en face », d’un projet alternatif crédible. « Nous sommes impuissants devant la fermeture d’entreprises que leurs propriétaires ont décidé de délocaliser. C’est de tout cela que se nourrit le Front National ».



Le salaire à vie pour tous



Pour Bernard Friot, l’antidote, ce n’est pas la réprobation morale du FN, mais une attitude plus offensive contre la façon dont le capitalisme organise le travail, qui consiste à s’adosser sur des outils déjà à notre disposition : « le salaire à vie, tel qu’il s’exprime déjà dans la retraite ou la fonction publique, et la copropriété d’usage des entreprises, telle que la cotisation sociale permet déjà de l’anticiper, car c’est par une hausse de la cotisation maladie que l’on a financé l’investissement des CHU ».

Et ça ne coûterait pas plus cher, insiste Bernard Friot : en effet, on pourrait pérenniser ce « salaire à vie » pour tous les citoyens majeurs, dans une fourchette de 1 à 4, un revenu qui irait de 1500 à 6000 euros selon leur niveau de qualification. « Or si on considère comme salaire moyen la somme de 25.000 euros par an, multipliée par les 50 millions de plus de 18 ans, cela représente 1250 milliards d’euros, soit la somme que nous dépensons déjà pour le coût actuel du salaire ».



Assumer fièrement notre acquis sociaux



En plus, assure Bernard Friot, cela nous permettrait de nous libérer de l’emprise du marché de travail. La clef du bonheur.

« Nous battrons cette fascination pour la force, et inverserons la dynamique électorale actuelle en assumant notre histoire et en revendiquant fièrement la sécurité sociale, la fonction publique et le salaire détaché de l’emploi ».



Bernard Friot développe ses thèses au sein du Réseau Salariat.

https://www.reseau-salariat.info/






est convaincu qu’il existe un lien entre ces renoncements et la montée du Front National.

Il met en garde contre le danger d’augmentation du poids de ce parti et rappelle que l’exercice du pouvoir par les partis politiques extrémistes à toujours mené à la dictature

et à l’aggravation des inégalités sociales grâce à des alliances plus fortes encore avec les forces « capitalistiques ».



Pour Bernard Friot le salaire à vie et « la copropriété d'usage des entreprises » sont les seules
alternatives aux réformes menées au nom de la crise.



Il les développe au sein du Réseau Salariat.

https://www.reseau-salariat.info/

La critique du capitalisme doit s'accompagner d'un projet alternatif
susceptible d’apporter des définitions opérationnelles, d’être porté
par des organisations sociales, puis de se transformer en politique
publique.

Bernard Friot, analyste de l'histoire de la protection sociale et des
politiques sociales en Europe, montre comment, en s’ appuyant sur
les grandes conquêtes salariales que sont la cotisation et la
qualification, nous pouvons attribuer à tous un nouveau droit
politique.

Chacun, à sa majorité, pourra disposer d'une qualification
personnelle, c'est à dire d'un salaire à vie avec une carrière
salariale, de la copropriété d'usage de ses lieux de travail et de la
participation à la délibération des caisses d'investissement
collectant une cotisation économique en remplacement du profit.

Ainsi seront supprimés la propriété lucrative et le marché du
travail, et nous pourrons enfin travailler.

Bernard Friot propose d’attribuer un salaire selon une échelle de valeur de 1 à 4.

On ramènerait les salaires les plus bas à 1500 euros et nivèlerait les plus hauts à 6000.

Le coût de cette opération correspondrait au coût actuel du salaire .

Une des étapes vers ce droit nouveau est la revendication
d'attribution à vie, à 55 ans, au moment du départ à la retraite, du
meilleur salaire (quelle que soit la durée de cotisation), pour
engager une seconde carrière d'un travail libéré du chantage à
l'emploi, des actionnaires et des prêteurs.



Bernard Friot nous met en garde contre le risque de dilapider ce capital politique et

Social au nom du chômage et du défaut du plein emploi.

Au nom de la « crise », les pouvoirs publics imposeraient aux salariés de renoncer progressivement à la qualité des services publics, au coût du travail,

D’accepter le chantage à l’emploi et les 50 milliards concédés récemment au patronat.



Bernard Friot est convaincu qu’il existe un lien entre ces renoncements et la montée du Front National.

Il met en garde contre le danger d’augmentation du poids de ce parti et rappelle que l’exercice du pouvoir par les partis politiques extrémistes à toujours mené à la dictature

et à l’aggravation des inégalités sociales grâce à des alliances plus fortes encore avec les forces « capitalistiques ».



Bernard Friot affirme aussi que ces renoncements privent la République Française de

son attribut d’universalité.



Bernard Friot rappelle « que dans le capitalisme, pour qu’une activité productrice de
valeurs d’usage soit aussi productrice de valeur, il faut qu’elle ait
été menée par une force de travail achetée par un propriétaire
lucratif et mobilisée pour la production de marchandises qui, vendues,
rapporteront à ce propriétaire un profit par différence entre la
quantité travail présente dans ces marchandises et celle que
représente le salaire de la force de travail. Toutes les autres
activités sont certes considérées comme utiles, productrices de valeur
d’usage, mais elles sont réputées non productives, non productrices de
valeur.

Or ce qu’initie 1945 (évidemment, je prends 1945 comme date
emblématique d’une offensive ouvrière que j’ai analysée de la fin de
la première guerre mondiale aux années 1970), avec le statut de la
fonction publique, avec les cotisations sociales, c’est que du salaire
va être versé à des producteurs de valeur d’usage qui ne vont pas sur
le marché du travail, qui ne produisent pas de marchandises sous la
loi du temps de travail, qui ne mettent en valeur aucun capital. Que
signifient ces salaires ? »



« La mobilisation populaire peut être sortie de toutes ces impasses si
nous reconnaissons que les conquêtes de 1945 sont anticapitalistes
parce qu'elles inaugurent une autre pratique de la valeur et du
travail que leur pratique capitaliste. D’où vient le salaire des
fonctionnaires, des retraités, des soignants, de parents et des
chômeurs ? De leur travail. Ce sont les fonctionnaires, les retraités,
les soignants, les parents, les chômeurs qui produisent la valeur que
reconnaissent l'impôt et les cotisations sociales, et cela sans marché
du travail, sans mesure de la valeur par le temps de travail, sans
actionnaire et sans crédit."




G Y Federmann

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